Periode

2022-2023

Coupe de la "Mâle Hé", une mise à blanc exceptionnelle

 

Le chantier de la « Mâle Hé »


Au lieu-dit « Mâle Hé » à Stoumont, en rive gauche de l’Amblève entre l’ancienne gare et le pont de Naze, on trouve actuellement une forêt de résineux plantés en 1949. Cette parcelle forestière de 18 hectares, constituée majoritairement d’épicéas (95 %) et de quelques mélèzes (5 %), est située sur une très forte pente exposée nord, avec la présence de nombreux rochers.
Depuis quelques années, une épidémie de scolytes de l’épicéa (ou Ips typographe) sévit dans les forêts wallonnes. Ces petits insectes qui se nourrissent de bois pondent généralement leurs oeufs sous l’écorce d’arbres ayant été fraichement déracinés, abattus ou simplement affaiblis par les conditions défavorables dans lesquelles ils poussent. S’ils sont présents en grand nombre, ils peuvent toutefois s’attaquer également aux arbres sains sur pied, affaiblissant ces derniers et causant des dommages aux propriétaires qui voient la qualité et la valeur de leurs bois diminuer. Le peuplement de la « Mâle Hé » n’a pas été épargné par cette épidémie : une dizaine de foyers de scolytes ont été identifiés dans la parcelle. La commune de Stoumont, propriétaire de la zone, a dès lors décidé de procéder à l’exploitation du peuplement résineux et à la vente des bois, afin d’éviter que ceux-ci ne se retrouvent entièrement attaqués, alourdissant la perte de la valeur économique. L’exploitation rapide du peuplement permettra également de stopper la propagation des foyers actuels vers d’autres peuplements pour l’instant épargnés.

La restauration écologique


L’un des objectifs du projet « LIFE Vallées ardennaises » est la conversion de forêts résineuses situées en Natura 2000, à proximité d’un cours d’eau et/ou sur forte pente, en forêts feuillues naturelles. Le peuplement de la « Mâle Hé » se situe justement dans un site Natura 2000, sur de très fortes pentes et à proximité immédiate de l’Amblève. L’intérêt écologique de cette conversion de résineux en feuillus est très élevé, d’autant plus que la zone est exposée nord, favorisant le développement d’un habitat rare à l’échelle de la Région wallonne et dont la protection est prioritaire à l’échelle de l’Europe (Forêts de pentes, éboulis ou ravins). De plus, le contexte des lieux (très fortes pentes) ne permet pas de justifier une replantation de résineux, voire de feuillus, car les couts d’exploitation sont bien trop élevés par rapport à un site facile d’accès et moins accidenté. C’est donc assez naturellement que la commune de Stoumont, le Département de la Nature et des Forêts - Cantonnement d’Aywaille (gestionnaire des forêts communales) et le projet « LIFE Vallées ardennaises » se sont associés pour la mise en oeuvre de ce chantier qui permettra la conversion de cette forêt.

Si on parle effectivement d’une coupe à blanc de 18 hectares, l’objectif final n’est pas de déboiser la zone et de transformer définitivement le paysage, mais bien de restaurer écologiquement l’habitat naturel présent avant la plantation des résineux, avec donc l’objectif que la zone se reboise naturellement par la régénération des feuillus (ou à l’aide de quelques plantations si nécessaire). Même si le site retrouvera un aspect boisé quelques années après la coupe, la forêt naturelle visée mettra plusieurs décennies pour se développer.

La coupe à blanc des 18 hectares se déroulera en une seule fois. La Direction de Liège du Département de la Nature et des Forêts a donné son accord pour déroger au Code Forestier qui limite normalement les mises à blanc de peuplements résineux à une superficie maximale de 5 hectares. En effet, vu le contexte très particulier de la zone et la difficulté d’exploitation, des moyens techniques spécifiques vont être mis en oeuvre pour sortir les bois coupés, notamment par téléphérage, méthode très peu utilisée en Belgique. Cela permettra de faire sortir les bois par le haut de la parcelle, et d’éviter un débardage impliquant la traversée de l’Amblève. En parallèle, des moyens de protection seront déployés sur l’Amblève afin de minimiser l’impact du chantier sur le milieu aquatique.
Enfin, grâce au projet « LIFE Vallées ardennaises », des indemnités seront versées à la commune de Stoumont pour compenser l’abandon de la sylviculture de production sur cette parcelle. Ces indemnités seront réinvesties par la commune dans des projets « nature » locaux.